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Revue | Volume | Article

153454

La subversion de l'"elenchos" juridique dans l'"Apologie de Socrate"

Louis-André Dorion

pp. 311-344

Résumé

On a coutume de considérer que la réfutation tire son origine de la pratique judiciaire de l'elenchos. Or, l'examen du corpus des orateurs attiques (Antiphon, Lysias, etc.) montre que l'elenchos, tel qu'il est pratiqué devant les tribunaux, consiste en une preuve qui se fonde presque toujours sur des témoins ou des vraisemblances; l'elenchos juridique est pour ainsi dire étranger à la procédure, nommée erotesis, en vertu de laquelle l'accusateur et l'accusé pouvaient s'interroger l'un l'autre. Dans l'Apologie de Socrate, qui est le récit d'un procès, Platon ignore superbement les modes traditionnels d'obtention de la preuve, et il fait de l'erotesis le fondement de la réfutation (cf. l'interrogatoire de Mélétos par Socrate). En liant l'une à l'autre les procédures juridiques de l'elenchos et de l'erotesis Platon inaugure la pratique proprement dialectique de la réfutation.

Détails de la publication

Publié dans:

(1990) Revue philosophique de Louvain 88 (79).

Pages: 311-344

Citation complète:

Dorion Louis-André, 1990, La subversion de l'"elenchos" juridique dans l'"Apologie de Socrate". Revue philosophique de Louvain 88 (79), 311-344.