Linguistique de l’écrit

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Revue | Volume | Article

173455

Les noms des langues en arabe

Jean-Patrick Guillaume

pp. 49-66

Résumé

Dès l’époque antéislamique, l’arabe dispose d’un vocabulaire abondant et expressif pour désigner les diverses «façons de parler » des autres, qu’il s’agisse de variétés dialectales d’arabe ou de langues étrangères. Ce vocabulaire reflète une conception du langage et de la diversité linguistique centrée sur les locuteurs : la langue est perçue, non comme une entité autonome, mais dans sa relation à ceux qui l’utilisent, et aux discours à travers lesquels elle se manifeste. C’est tout d’abord à travers les discussions sur la question des emprunts lexicaux dans le Coran, et sur celle des dialectalismes coraniques, qu’émerge progressivement l’idée de la langue arabe (al-‛ arabiyya) comme un objet abstrait, transcendant la compétence linguistique de chaque locuteur pris isolément. Cette conception atteindra sa forme la plus achevée à travers le processus de grammatisation de l’arabe : la ‛ arabiyya est alors perçue comme un système abstrait, où chaque élément, si marginal ou aberrant soit-il, occupe la place qui lui revient. Cette évolution, toutefois, est inséparable d’une «clôture glottocentrique » qui constitue la principale limite de la tradition linguistique arabe.

Détails de la publication

Publié dans:

(2009) La nomination des langues dans l'histoire. Histoire Épistémologie Langage 31 (2).

Pages: 49-66

Citation complète:

Guillaume Jean-Patrick, 2009, Les noms des langues en arabe. Histoire Épistémologie Langage 31 (2), La nomination des langues dans l'histoire, 49-66.