Linguistique de l’écrit

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Essai de typologie des paramètres signifiants du support

Agathe Cormier(Ceditec, Université Paris-Est Créteil)

pp. 67-108

Résumé

Cet article présente les premiers développements d’une typologie des paramètres matériels, pragmatiques et visuo-graphiques qui structurent l’interprétation des textes écrits et en informent le genre. Cette typologie adopte une approche sémiolinguistique visant à cerner la manière dont le support d’un texte écrit conditionne les formes linguistiques qui s’y actualisent et leur interprétation. Elle propose de saisir les genres de l’écrit sur leur versant matériel, en considérant les écrits comme des objets dont les fonctions ne se limitent pas nécessairement à une fonction de communication. Elle constitue une grille d’analyse modélisant les propriétés signifiantes du support dont l’application systématique aux textes écrits pourrait vérifier l’hypothèse selon laquelle les genres de l’écrit se définissent, se distinguent et se rapprochent notamment par leurs caractéristiques matérielles et visuo-graphiques.

1Cet article1 présente les premiers développements d’un projet à long terme de typologie des paramètres matériels, pragmatiques et visuo-graphiques qui structurent l’interprétation des textes écrits et en informent le genre. Cette typologie vise à saisir les genres de l’écrit sur leur versant matériel et part de l’idée que les textes écrits sont d’abord des objets dont les fonctions ne se limitent pas nécessairement à une fonction de communication. Notre approche n’en est pas pour autant sémiologique mais sémiolinguistique, car l’enjeu est de cerner la manière dont le support d’un texte écrit conditionne les formes linguistiques qui s’y actualisent et leur interprétation.

2Ce projet part du constat suivant : au premier coup d’œil, et même parfois au toucher, un lecteur reconnaît un texte écrit comme tel, est capable de formuler une hypothèse sur le genre ou la famille générique dont il relève (Anis 1983, 90), et peut en appréhender le contenu avant même d’avoir lu les segments verbaux qui le composent. Autrement dit, des éléments matériels, visuels et tactiles, relatifs au support du texte, concourent à la construction de son sens et en conditionnent l’interprétation. Il s’agit dès lors de mettre au jour ces paramètres signifiants du support et d’observer dans quelle mesure ils déterminent la généricité des textes.

3Les premiers développements de ce projet consistent en une typologie des paramètres signifiants du support affinée à la faveur de son application heuristique à un corpus composé de 22 prospectus publicitaires recueillis dans notre boîte aux lettres entre novembre 2020 et mi-janvier 2021. Cette typologie constitue une grille d’analyse modélisant les propriétés signifiantes du support, dont l’application systématique aux textes écrits pourrait vérifier l’hypothèse selon laquelle les genres de l’écrit se définissent, se distinguent et se rapprochent notamment par leurs caractéristiques matérielles et visuo-graphiques.

4Nous commencerons par présenter le cadre théorique qui sous-tend la définition des paramètres de cette typologie, puis nous en ferons une présentation générale avant de passer en revue l’ensemble de ses paramètres.

1 | Fondements théoriques

5C’est en étudiant les panneaux de signalisation routière que nous est apparu le rôle fondamental du support dans la signification des textes écrits. Contrairement à ce que soutenait Mounin, la signalisation routière n’est pas un « système de communication non linguistique » dans lequel les signifiants linguistiques sont des « informations non encore symbolisées » amenées à disparaître (Mounin 1970, 166-168). Les formes linguistiques y sont en effet abondantes et variées, quoique contraintes par un support et des fonctions qui les confinent à la brièveté (cf. Cormier 2019). Mais ces formes linguistiques se combinent à des éléments matériels et visuels qui prennent en charge la majeure partie du message ; en effet, dans les panneaux, tout fait sens : l’objet métallique, sa forme et sa position dans l’espace, les formes et les couleurs qu’il contient, ces différents éléments contribuant autant à la signification des panneaux que les signes linguistiques ou les pictogrammes qu’ils contiennent. Les panneaux apparaissent dès lors comme un prototype du message linguistique conditionné par une sémiologie hétérogène, invitant à explorer les propriétés signifiantes du support d’écriture. Harris (1993) illustre ainsi plusieurs développements de sa sémiologie intégrationnelle à travers cet exemple.

6Pour aborder le rôle signifiant du support, il convient en premier lieu de distinguer le support matériel, c’est-à-dire la portion de matière qui supporte et véhicule l’écriture, du support formel, surface délimitée du support matériel au sein de laquelle se déploie l’écriture selon « une syntaxe qui fait sens (cadres, repères, directions, etc.) » (Klock-Fontanille 2005, 31-33). Si l’on reprend l’exemple des panneaux de signalisation, leur support matériel, c’est-à-dire l’objet métallique biface placé en bord de route, identifie le panneau comme relevant du genre de la signalisation et émanant des autorités publiques, et le distingue par exemple d’un panneau publicitaire. La forme de cet objet, mais aussi les couleurs, l’agencement des formes et les autres caractéristiques visuo-graphiques du support formel distinguent de leur côté les panneaux d’interdiction des panneaux d’obligation ou de direction.

7Le support matériel inscrit les signes écrits dans un contexte, c’est l’objet textualisé qui intègre les signes dans des activités humaines impliquant leur manipulation en production et en réception (cf. Harris 1993). Les propriétés matérielles de l’objet textuel – forme, matière, dimensions, etc. –, mais aussi le lieu où se situe cet objet, ce que soulignent Arabyan (2005) et Varga (2000), participent donc de la signification des écrits. Le support formel peut quant à lui être analysé en termes d’espace graphique, comme « l’ensemble des traits qui caractérisent [la] matérialisation [d’un texte] sur un support d’écriture, ainsi que les relations qui s’établissent entre ces traits et la signifiance. Ces traits sont le formatage (dimensions de l’espace exploitable), le type d’inscription, les lettres ou caractères employés, les signes de ponctuation et traits typographiques » (Anis 1988, 173). Notre emprunt de la notion d’espace graphique en restreint cependant la portée. Anis inclut en effet dans sa définition des éléments qui relèvent du support matériel, comme la structure de l’objet textuel (assemblage de feuilles en livre, cahier ou journal) ou la technique d’inscription (l’instrument d’écriture étant structurellement lié au support d’inscription). Mais cette notion nous semble en même temps préciser les propriétés du support formel. Elle établit en effet une continuité entre les graphèmes et leur agencement spatial, rend compte de la dimension graphique de l’écriture et permet d’appréhender les genres de l’écrit (cf. Anis 2000, 6-7). Elle lie par ailleurs ces différentes dimensions signifiantes en insistant sur le rôle des caractéristiques visuelles des écrits, et souligne la dimension de vilisibilité du texte (cf. Anis 1983). Autrement dit, la notion d’espace graphique renvoie au rôle signifiant de l’ensemble des propriétés visuo-graphiques du texte.

8Notre approche cherche ainsi à mettre au jour la manière dont les ressources sémiologiques de l’écrit informent les messages, organisent et structurent les textes. La typologie que nous présentons s’inspire de la diversité des perspectives théoriques sur l’écriture, dont le volume de Lapacherie (1998) offre un aperçu, mais articule plus spécifiquement les approches sémiolinguistique de Jacques Anis et sémiologique de Roy Harris. Cette approche vise à définir des catégories d’analyse qui rendent compte de la matérialité spécifique de l’écriture. Elle prend appui sur la caractéristique distinctive de l’écrit par rapport au langage oral, qui consiste dans « la production d’un nouvel objet », « objet textualisé [qui] mène une existence matérielle indépendante » (Harris 1993, 369). Il s’agit dès lors de concevoir l’écriture comme « la textualisation d’un objet », et de concevoir « l’objet en question […] comme composant essentiel [et] du coup comme source de valeurs sémiologiques » (Harris 1993, 370).

9Cette conception tient compte du fait que la primauté historique de l’oral sur l’écrit soit empiriquement indémontrable, et de l’hypothèse derridienne d’un renversement de la relation de dépendance entre les deux (cf. Derrida 1967). Quoique l’approche phonographiste de Catach (1980) représente un outil précieux pour l’analyse de l’orthographe et de ses enjeux didactiques, elle ne prend pas en considération les phénomènes propres à la matérialité écrite qui lient les graphèmes aux autres propriétés signifiantes de l’écrit. C’est pour cette raison que nous lui préférons la graphématique autonome d’Anis « qui traite la langue écrite comme un système spécifique en interaction relative avec la langue parlée » (Anis 1988, 77). Nous n’ignorons pas les interdépendances entre langue parlée et langue écrite, dont Koch et Oesterreicher (2001) proposent une grille de lecture stimulante2, mais notre objectif est d’établir des catégories d’analyse à même de décrire l’écrit selon ses caractéristiques matérielles propres.

10Cet enjeu nous est apparu fondamental à travers l’étude de genres brefs présents dans l’espace public3, genres routiniers (voir Maingueneau 2007) qui structurent les comportements4 et l’environnement5. La plupart de ces écrits fonctionnels se caractérisent sur le plan discursif par un effacement énonciatif (Philippe 2002) qui réduit la représentation du sujet énonciateur à son dire, à l’ethos montré (cf. Amossy 2010, Maingueneau 2014) : l’énonciateur se dévoile par son absence et par sa dilution dans la présentation matérielle du texte, son identification et sa caractérisation obligeant à considérer la « polyphonie constitutive » du texte écrit (De Angelis 2019, § 11). Ces écrits représentent ainsi un laboratoire d’analyse probant pour cerner les paramètres signifiants du support6 de l’écrit dans toute leur complexité, et en établir une typologie applicable à la diversité des genres.

11Enfin, notre attention au rôle signifiant du support se conçoit dans la continuité entre situation de l’objet, objet textuel et composition du texte. Il s’agit de rendre compte aussi bien de l’hétérogénéité sémiotique et de l’intégration de signes iconiques7 que de la textualité8 des écrits et de leur structuration visuo-spatiale, aux niveaux typographique9 et topographique10, et à l’articulation entre ces deux niveaux11.

2 | Présentation générale de la typologie

12Comme le montre le tableau 1, la typologie présente deux séries de paramètres. La première concerne le support matériel et se subdivise elle-même en deux sous-ensembles. Le premier sous-ensemble regroupe les propriétés matérielles de l’objet textuel. Le second sous-ensemble rend compte de la situation spatio-temporelle de cet objet. Un texte écrit est en effet un phénomène tangible qui se manifeste en un lieu déterminé et acquiert sa signification au moment de sa rencontre avec son lecteur, c’est-à-dire au moment de son intégration sémiologique (cf. Harris 1993, 151 suiv.). La deuxième série de paramètres concerne l’espace graphique et regroupe les propriétés visuo-graphiques de l’inscription à la surface du support matériel.

13Parmi les propriétés matérielles figure la structure de l’objet. Les prospectus publicitaires du corpus consistent dans une ou plusieurs feuilles assemblées, chaque feuille comprenant un recto et un verso, autrement dit deux faces. Mais notre ambition est de saisir la diversité des objets textuels, des objets bifaces comme les feuilles de papier ou les panneaux routiers, aux objets multifaces comme les livres et les paquets de cigarettes. Sont donc inclus dans les propriétés matérielles le nombre de faces de l’objet et l’identification des faces marquées, l’absence de marquage étant également signifiant : par exemple, les panneaux de signalisation se caractérisent par le marquage de la seule face de l’objet orientée vers son destinataire, ce qui correspond à leur mode de lecture cinétique (cf. Cormier 2019).

14Les paramètres de l’espace graphique s’appliquent ainsi indépendamment à chaque face marquée du support matériel. Cette deuxième série de paramètres met en jeu les deux principes d’analyse syntagmatique proposés par Harris (1993) : la syntagmatique digitale, ou principe du casier, et la syntagmatique analogique.

15La syntagmatique digitale rend compte des groupements des unités graphiques en fonction de leur agencement spatial et de leurs positions relatives dans l’espace graphique. L’espace graphique est ainsi conçu comme un casier contenant différentes cases superposées les unes aux autres et imbriquées les unes dans les autres.

16Par exemple, la couverture de la collection blanche de Gallimard se divise en deux cases principales, la première contenant des informations sur l’œuvre, la seconde sur l’édition. La première contient elle-même trois cases, qui se répartissent le nom de l’auteur, le titre de l’œuvre et son genre. La case contenant le nom de l’auteur se divise en deux autres cases contenant respectivement le prénom et le nom de famille de l’auteur, les cases ultimes étant constituées des « unités de base » du texte, que Harris (1993, 232-233) nomme « graphies individuelles », et qui correspondent aux unités discontinues et discrètes de l’écrit.

17La syntagmatique analogique rend quant à elle compte des groupements des unités graphiques selon leurs propriétés visuelles. Harris en illustre le fonctionnement à travers une recomposition de la page de couverture ci-dessus.

18Bien que la désignation du genre et le nom de l’éditeur s’intercalent entre les trois mots du titre, les similarités typographiques qui caractérisent ces derniers permettent de les regrouper en un syntagme unique. De même, le nom de l’auteur forme une unité syntagmatique bien que le nom de la collection s’intercale entre le prénom et le nom de famille.

19Ces deux principes combinés régissent la segmentation de l’espace graphique et le regroupement d’unités dans les différentes zones, ou cases, qui le constituent. Or on a vu que les cases principales peuvent elles-mêmes contenir plusieurs cases, qui elles-mêmes peuvent contenir plusieurs cases, et ainsi de suite jusqu’aux unités graphiques minimales ou graphies individuelles.

20L’application de la série de paramètres concernant l’espace graphique est donc récursive : elle s’applique d’abord à la surface délimitée sur la face considérée, puis à chacune des cases qui la composent, puis aux cases composant ces dernières, etc., selon un réseau d’imbrications hiérarchiques régissant les segmentations et les dépendances entre la surface et les différentes cases dont elle se compose.

21Voici un exemple d’application de notre grille d’analyse à la case 1 de la couverture d’un catalogue de vêtements pour bébés12, sous la forme de tableaux associés aux images des zones de texte considérées, dont nous commentons ensuite la lecture.

22Il est à noter que la numérotation des faces et des cases ne correspond pas à une position hiérarchique et ne présume rien de leur ordre de lecture ; elle constitue un simple repère d’identification de l’espace graphique ou de la zone de l’espace graphique considérés. En revanche la numérotation des niveaux de cases rend compte de l’imbrication des cases les unes dans les autres.

23Chaque case, aux différents niveaux d’imbrication, est identifiée par sa transcription13, au sens courant de reproduction écrite de ce qui est écrit. Il s’agit de prélever les segments textuels sans leur mise en forme pour construire des données observables à chaque niveau de cases. Cette transcription est cependant limitée par l’outil utilisé : à partir d’un clavier d’ordinateur il n’est possible de produire que des lettres, des signes de ponctuation, des chiffres, des symboles arithmétiques ou monétaires. Il est possible également, selon les logiciels utilisés, de reproduire des pictogrammes comme , ou mais l’inventaire des formes graphiques disponibles reste limité. Cet écueil peut toutefois être contourné en faisant figurer entre crochets une description sommaire. Par exemple, la case présentant le numéro de téléphone dans une publicité pour un restaurant (1) sera transcrite de la manière suivante: [téléphone] 01 48 74 XX XX.

(1)

24Notons par ailleurs qu’à certains niveaux d’imbrication, certains paramètres n’ont pas de valeur définie. La valeur indiquée est alors NP pour « non pertinent », ou NC pour « non concerné ».

25NP signifie soit que le paramètre n’est pas pertinent pour le niveau de description considéré, soit que sa valeur est déjà définie à un niveau de description supérieur. Dans le tableau 2, les valeurs de forme et de dimensions de la surface inscrite sont non pertinentes car la surface couvre l’intégralité de la face considérée ; forme et dimensions de la surface correspondent donc à celles du support matériel. Ces paramètres de forme et de dimensions redeviennent cependant pertinents aux niveaux de description inférieurs, c’est-à-dire au niveau des cases. NP au niveau des cases signifie en revanche que la valeur reste identique pour les niveaux inférieurs. Dans notre exemple, la casse est définie pour l’ensemble de la case 1 de niveau 1 : toutes les lettres figurant dans cette case étant en capitales, la valeur de la casse est notée NP dans les niveaux de description inférieurs.

26NC signifie qu’une valeur unique ne peut être établie au niveau de description considéré. Soit les valeurs de la catégorie sont multiples à ce niveau-là – c’est par exemple le cas ici de la taille des graphies au niveau de la face et à plusieurs niveaux de cases différents –, soit la valeur est négative à ce niveau-là mais peut être positive à un niveau inférieur – c’est le cas de la bordure : la surface n’en possède pas, mais le c inscrit en exposant du nom de la marque en possède une circulaire.

27Pour distinguer le tracé graphique du fond sur lequel il se détache, nous reprenons l’opposition de Harris entre « composant positif », qui correspond au tracé graphique, et « composant négatif », qui correspond « au vide par rapport auquel ce tracé se définit dans le champ graphique » (Harris 1993, 284). Cette opposition permet de rendre compte d’autres techniques d’écriture que l’impression à l’encre sur papier, comme la gravure qui met en jeu le relief plutôt que la couleur, par exemple dans les tablettes hittites ou les inscriptions romaines. Elle permet également de rendre compte de l’articulation signifiante entre fond et formes si le fond est comme ici une photographie mettant en scène un sujet aussi saillant et signifiant que les segments verbaux : tandis que l’ensemble de la photographie constitue le composant négatif sur lequel se détachent les segments verbaux, le bébé qui en est au centre peut être pris en compte au titre de composant positif non graphémique. Le sujet de cette photographie renvoie en effet explicitement à l’univers de la puériculture, trait sémantique du texte qui n’est pas autrement représenté sur cette couverture, où il est question de mode, d’un ensemble robe + legging et de commencer l’année tout en douceur. La photo de bébé pourrait être remplacée par celle d’une femme en robe et legging apparemment douillets que le texte resterait parfaitement cohérent. L’image de fond indique la thématique du texte et sélectionne ainsi son destinataire, a priori les jeunes parents. Elle doit donc à ce titre être considérée comme une composante positive du texte et non seulement comme sa composante négative.

28Remarquons enfin qu’au stade des graphies individuelles, illustré par le tableau 5, la plupart des paramètres sont non pertinents : leur valeur est en effet définie à un niveau supérieur et identique pour toutes les cases ultimes de ce niveau. Celles-ci sont par ailleurs identifiées comme telles par le fait qu’elles ne soient pas segmentables en cases de niveau inférieur. Chacune de ces cases ultimes ne se distingue que par sa position relative dans la case de niveau supérieur et par sa forme propre. On peut considérer que cette uniformité visuo-graphique, qui caractérise la case club, définit une unité syntagmatique plus ou moins indépendante des autres cases de même niveau, à savoir xxxxxxxxx c, fashion magazine et n°18 janvier 2021.

3 | Revue des différents paramètres

3.1. Support matériel

3.1.1. Situation spatio-temporelle

29Comme souligné plus haut, un texte écrit est un objet de communication situé en un lieu déterminé qui conditionne sa réception ou, pour reprendre les termes de Harris, son intégration au programme d’activité de son lecteur. Un certain nombre de paramètres pragmatiques sont donc à prendre en compte dans l’analyse du rôle signifiant du support, qui relèvent de la situation spatio-temporelle de l’objet textuel. À part le mode de diffusion sur lequel nous revenons plus loin, nous ne les avons pas encore pleinement intégrés à la typologie parce qu’ils n’étaient pas tous pertinents pour le présent corpus et que leur opérationnalisation reste à affiner.

Situation spatiale, visibilité, support du support et coordonnées temporelles

30Il s’agit en premier lieu des paramètres de localisation, de position et d’orientation de l’objet dans l’espace, qui sont par exemple pertinents pour les panneaux routiers : un panneau annonçant un virage dangereux est généralement placé en amont du virage, sur le bord droit de la chaussée et perpendiculaire à la route.

31Un autre paramètre important est la visibilité du texte, en rapport avec les propriétés matérielles de l’objet, sa situation dans l’espace et la manière dont il est appréhendé et manipulé par le lecteur, opération de lecture qui se développe dans une durée. Parmi les prospectus de notre corpus se trouve une enveloppe contenant le prospectus publicitaire à proprement parler. Ses faces externes ne sont pas marquées autrement que par l’adresse du courrier qui transparaît dans la fenêtre, et une de ses faces internes contient des inscriptions invisibles tant que l’enveloppe demeure fermée, et entièrement visibles uniquement si l’on écarte les faces internes de l’enveloppe. Le courrier lui-même reste de plus invisible dans son enveloppe tant que le destinataire ne l’a pas ouverte. Le catalogue se présente quant à lui comme un livret de huit pages marquées et numérotées14, dont une ou deux pages sont visibles à la fois, selon la manière dont on le consulte. Mais si deux faces du document sont visibles à la fois quand il est ouvert, les faces internes ont des relations d’ordre différent que les deux faces externes, celles-ci et celles-là se reconnaissant en outre à la pliure centrale du livret.

32Le paramètre support du support, développé avec Imrtraud Behr dans le cadre de nos travaux au sein du réseau « Le Genre Bref dans l’Espace Public », rend compte du fait que le support matériel du texte est parfois solidaire d’un autre objet, qui lui sert lui-même de support et de véhicule. C’est le cas d’une affiche – support matériel – vis-à-vis par exemple d’un panneau publicitaire, du flanc d’un bus ou d’un mur – supports du support. L’intégration de ce paramètre implique de considérer les liens entre le support matériel et le support du support – le premier pouvant être amovible ou inamovible par rapport au second – mais également la mobilité du support du support, différente dans les cas du bus ou du mur par exemple. Les prospectus publicitaires étant des supports autonomes tributaires de leur mode de diffusion, ce paramètre reste non pertinent pour ce genre.

33Les coordonnées temporelles du document sont également pertinentes. Elles permettent par exemple d’expliquer que les panneaux de limitation de la vitesse à quatre-vingt-dix kilomètres heure fleurissent actuellement sur des routes où la vitesse réglementaire était encore récemment de quatre-vingt-dix kilomètres heure. Pour le présent corpus, relever la date de réception de chaque prospectus aurait fourni des informations intéressantes pour la caractérisation du genre du prospectus publicitaire en renseignant sur la fréquence de réception des publicités, notamment des publicités de la même enseigne, mais aussi apporté un éclairage sur l’interprétation de certains de ces prospectus. Deux prospectus différents de la même agence immobilière prétendent par exemple que l’agence procède à l’estimation de biens dans votre rue la semaine prochaine, sans autre indication temporelle que des expressions déictiques qui enjoignent indirectement à la consommation immédiate. La stratégie marketing – liée aux services et produits proposés – est différente sur un prospectus de vente de pizzas à emporter : des rabais sont annoncés en gros chiffres tandis que la date limite de l’offre est inscrite en caractères nettement moins saillants.

Mode de diffusion

34Nous n’avons donc retenu pour l’analyse du présent corpus que le mode de diffusion. Le mode de diffusion correspond au lieu où le lecteur entre en contact avec le texte, ici la boîte aux lettres. Le fait même que ces documents se présentent au lecteur lors du relevé de sa boîte aux lettres personnelle l’oriente sur la nature de ces textes, et il est déjà capable au toucher de distinguer les courriers personnels des prospectus, même si ceux-ci constituent parfois des leurres. D’ailleurs, une boîte aux lettres, en tant que réceptacle dans lequel un courrier est déposé à l’intention d’un destinataire particulier, constitue elle-même un objet textuel. Nous reconnaissons volontiers que le texte est minimal, mais il s’agit de considérer que le nom inscrit sur un casier dans une fente duquel on peut glisser du courrier identifie cet objet comme une boîte aux lettres fonctionnelle. L’inscription graphique identifiant le détenteur de la boîte aux lettres est en un certain sens consubstantielle à l’objet boîte aux lettres et correspond à sa fonction. Bien que l’absence d’un tel marquage n’invalide pas la fonction de boîte aux lettres – il pourrait par exemple s’agir d’une boîte aux lettres clandestine destinée à un usage illicite – un objet similaire sans ce marquage pourrait plutôt constituer une urne de vote, par exemple.

35Comme évoqué plus haut, l’un des prospectus se trouve dans une enveloppe, ce qui représente un niveau d’emboîtement supplémentaire d’objets textuels, intermédiaire entre auteur et lecteur. Cela conduit à considérer deux objets textuels distincts – d’une part le prospectus publicitaire et d’autre part l’enveloppe comme objet textuel spécialisé dans la diffusion du courrier – mais surtout l’articulation entre les deux. Or cette articulation n’opère ici qu’à travers la fenêtre ouvrant sur l’adresse du courrier, l’enveloppe étant sinon vierge de toute inscription, timbre ou tampon. Le courrier est par ailleurs adressé A l’attention des copropriétaires et indique une adresse postale erronée, tandis que l’enveloppe n’est ni scellée ni passée par les services postaux. Elle est pour ainsi dire neuve, en tout cas réutilisable dans sa fonction spécialisée15. Elle est pourtant déjà inscrite et contient, sur la face interne qui apparaît partiellement lorsqu’on ouvre le rabat, deux logos de labels écologiques et celui du fabricant, qui revendique sur son site internet son leadership dans les « produits mécanisables » pour « l’insertion automatique ». Cette enveloppe joue ainsi un rôle paradoxal : indice de personnalisation qui rend son contenu invisible aux lecteurs autres que le destinataire habilité à l’ouvrir, et indice d’industrialisation par la faible articulation textuelle qu’elle entretient avec le courrier qu’elle emballe. Cette enveloppe renvoie à la question de l’emboîtement des objets textuels, et à celle des instances et technologies de production et de diffusion de l’écrit.

3.1.2. Propriétés matérielles

36Les propriétés matérielles de l’objet textuel sont évaluables au toucher et sont en lien avec la manipulation de l’objet.

Fixe / mobile / portatif

37Le paramètre fixe/mobile/portatif, désigné par les trois valeurs assignées, est en lien avec le mode de diffusion et se trouve plus largement en corrélation avec l’usage du document. Tous nos prospectus constituent des objets portatifs, ce qui est conditionné par leur localisation – temporaire – dans une boîte aux lettres et permet de les emporter avec soi, par exemple pour passer commande (numéro de téléphone) ou bénéficier de réductions (code d’une promotion) en les ayant sous les yeux, ou ne serait-ce que pour les porter dans une poubelle.

Structure de l’objet, matière, forme, dimensions, technique d’inscription et faces

38La technique d’inscription est identique pour tous les prospectus de notre corpus, à savoir l’impression à l’encre sur papier. En revanche, malgré les contraintes spatiales qui pèsent sur la boîte aux lettres, on y rencontre des structures d’objet, des matières, des formes et des dimensions relativement variées.

39Une publicité pour une agence immobilière se présente par exemple sous les traits d’un courrier de type administratif, feuille simple pliée en trois dans une enveloppe à fenêtre au format C5/6. Une autre agence immobilière utilise un format carte postale : la cartonnette, à la texture lisse et glacée, n’étant marquée ni d’un timbre ni du léger relief que pourrait laisser un stylo, l’enthousiasme éventuellement soulevé au premier contact de cette carte postale est déjà, au toucher, contrarié par ce leurre publicitaire. Remarquons qu’ici aussi se manifeste cette apparente personnalisation d’un message industrialisé. On trouve par ailleurs un prospectus amateur pour une parfumerie de quartier : le texte se présente sur une feuille de papier A5 dont une face est imprimée en noir en blanc et comporte au bas une mention manuscrite photocopiée. Cette présentation moins impersonnelle contraste avec celle de prospectus d’enseignes de restauration rapide, feuilles A5 ou A4 de papier glacé imprimé en couleurs sur leurs deux faces. On trouve également un catalogue, livret de huit pages de papier glacé imprimé en couleurs recto-verso. Le format16, la structure de l’objet textuel et la technique indiquent déjà aux doigts de qui relève son courrier qu’il s’agit d’un catalogue pour une enseigne commerciale. On trouve enfin quelques prospectus rectangulaires de H20xL10 cm, plutôt pour des restaurants, parmi lesquels un livret de quatre pages et un dépliant, mais aussi des formats originaux comme un calendrier circulaire offert par une agence immobilière ou les petits rectangles de papier inégaux vantant les compétences de marabouts.

40La valeur des dimensions tient compte de l’orientation de lecture principale du texte et de la forme du support matériel : pour les prospectus rectangulaires elle correspond à la hauteur multipliée par la longueur du rectangle. Il s’agit là de l’orientation principale car sur une même surface peuvent apparaître des segments inscrits selon différentes orientations, impliquant la manipulation du document. Les mentions légales telles que ne pas jeter sur la voie publique, ou relatives aux conditions d’une offre promotionnelle, figurent ainsi régulièrement en très petits caractères orientés perpendiculairement au reste du texte. L’orientation des caractères fait par conséquent l’objet d’une catégorie à part au sein de l’espace graphique.

3.2. Espace graphique

41Comme nous l’avons indiqué plus haut, les paramètres de description de l’espace graphique s’appliquent à la surface inscrite d’abord, puis de manière récursive à chaque case de chaque niveau d’imbrication inférieur.

3.2.1. Position

42La valeur de position devrait idéalement être exprimée dans un système de coordonnées géométriques précises, mais nous l’avons pour l’instant exprimée en fractions plus ou moins approximatives de l’espace occupé, situées selon les oppositions directionnelles haut/bas et droite/gauche, ou en termes de position dans une séquence de lettres, comme l’illustrent les tableaux présentés plus haut.

43La position de la surface sur la face considérée, c’est-à-dire la délimitation de l’espace graphique, permet de rendre compte des marges de la page, « blancs de mise en page, liés au support », qui « ne s’inscrivent pas […] dans la linéarité du texte » (Lefebvre et Testenoire 2019b, § 2).

44La position des cases sur la surface et dans les cases de niveau supérieur permet quant à elle de rendre compte des autres blancs, non seulement des marges propres des cases mais aussi de ce que Lefebvre et Testenoire (2019b) appellent « blancs de mise en texte », Favriaud (2014) « ponctuation blanche », et ce qu’Anis (1988) intègre aux « topogrammes libres ». Nous traitons en effet les blancs comme une propriété topographique des inscriptions relative aux regroupements d’unités graphiques selon des jeux de proximité et de similarités visuelles. Les différents types de blancs analysés par les linguistes, comme le blanc de mot, le retrait, le retour à la ligne et la ligne blanche considérés par Anis, le blanc périlexical et le segment blanchi examinés par Favriaud, ou le blanc intralinéaire et le blanc intralexical étudiés par Bikialo et Rault (2019), correspondent ainsi à l’agencement spatial des unités à différents niveaux de cases.

(2)

45Si l’on considère les cases imbriquées que nous avons encadrées en noir dans l’exemple (2), la position de la case Pizza Classic Solo et de la case Margherita dans la case de niveau supérieur rend compte du retour à la ligne qui sépare le format de pizza de la dénomination de sa garniture. Au sein de la première, la position des trois cases Pizza, Classic et Solo rend compte des blancs de mot qui distinguent les trois constituants de ce syntagme nominal complexe.

46Dans l’exemple (3), la position des deux cases au sein de la case de niveau supérieur rend compte du retrait du texte de la deuxième par rapport à celui de la première.

(3)

47Dans l’exemple (4), la position des cinq cases rend compte de la structure du texte en paragraphes et de la ligne blanche qui les sépare.

(4)

48Dans l’exemple (5), la position des deux cases au sein de la case du bas, que nous avons matérialisées également par un encadrement noir, rend compte du blanc intralinéaire qui disjoint les conditions de vente des références de l’entreprise commerciale.

(5)

49Enfin, la position des cinq cases constituant le paragraphe suivant (6), que nous avons matérialisées par un encadrement blanc, rend compte de l’alignement de ce paragraphe à droite.

(6)

3.2.2. Forme

50Pour les prospectus de notre corpus, nous l’avons vu, la forme de la surface n’est pas pertinente dans la mesure où la surface recouvre l’intégralité de la face, sauf dans le cas de l’enveloppe. Ce paramètre redevient pertinent aux différents niveaux de cases, quoique la plupart suivent « la tradition de notre écriture [qui] est de se matérialiser sur un rectangle » (Anis 1988, 175).

51Le recto du prospectus d’agence immobilière ci-dessous comporte par exemple une case principale à fond bleu en forme de losange aux angles tronqués.

(7)

52Sur ce détail d’une publicité pour des pizzas à emporter, une case circulaire fonctionne comme un sceau de garantie associé directement à la pizza figurant sur la photo.

(8)

3.2.3. Dimensions

53Les dimensions de la surface ne sont pas non plus pertinentes pour notre corpus car elles correspondent aux dimensions du support matériel. Forme et dimensions de la surface peuvent toutefois être considérées comme pertinentes pour l’enveloppe, dont la fenêtre consiste en un rectangle aux bords arrondis de H4,6cm x L10cm.

54Les dimensions des cases aux différents niveaux inférieurs s’articulent en revanche à la position des cases et à leurs propriétés visuelles, et jouent un rôle dans la saillance des différents segments textuels. Par exemple, le bloc de texte central de cette publicité pour un marabout est de taille comparable au bloc supérieur regroupant la photo dudit marabout, son nom et ses arguments de vente, mais le nom du marabout, bien qu’il occupe moins de place, reste le segment le plus saillant en vertu de la taille et du style des lettres mais aussi de la bordure qui l’encadre.

(9)

3.2.4. Bordure

55Au niveau de la surface, deux prospectus du corpus présentent une bordure. Dans le cas du recto de la carte postale d’agence immobilière, elle n’est qu’un apparat de l’image : celle-ci représente une aquarelle peinte sur un papier à grain épais dont la bordure blanche, simulant les bords non peints de l’aquarelle, souligne la texture et fonctionne comme un gage d’authenticité.

56La bordure bleu blanc rouge est en revanche plus significative dans l’exemple (10).

57Aux couleurs du drapeau national, elle évoque en effet une communication officielle. Cette intention est d’ailleurs avouée dans la mention figurant au bas du document, qui stipule que La plaquette n’a aucun lien de quelque manière que ce soit avec les services administratifs officiels. Ce document montre ainsi ce qu’il n’est pas – une sorte d’annuaire officiel des numéros importants au quotidien – tout en disant ce qu’il est, mais dans une taille de caractères si petite qu’il faut s’armer d’une loupe pour les lire si l’on n’a pas de bons yeux. Cette mention minuscule précise également le nom et l’adresse d’une entreprise, certainement l’émettrice du message et la pourvoyeuse de la majorité des services proposés, ce que la répétition des mêmes numéros de téléphone corrobore.

58Au niveau des cases, la bordure peut par ailleurs contribuer à la saillance des segments, comme nous l’avons vu avec le nom du marabout dans l’exemple (9).

3.2.5. Négatif

59Au niveau de la surface comme au niveau des cases, ce paramètre rend compte de deux types de phénomènes : en premier lieu du contraste qui permet au composant positif de se détacher sur le composant négatif. Le composant négatif se caractérise ainsi par sa couleur.

60Mais ce paramètre permet également, comme nous l’avons vu plus haut, de rendre compte de l’articulation entre image de fond et tracés graphiques. Ainsi le composant négatif se caractérise également par un type et par un rôle. Sur la couverture du catalogue de vêtements pour bébé (figure 3), le type correspond à une photo de bébé. Le rôle de cette photo se caractérise par la combinaison thématique (type de rôle et nature du rôle) avec les segments verbaux.

61Les mêmes jeux de contraste et de combinaison se retrouvent au niveau des cases. Ainsi, dans la case 1 de la couverture du catalogue, la case club (cf. figure 4 et tableau 4) possède un fond taupe qui produit un encadrement et une mise en saillance du syntagme.

62Dans l’exemple (11), que l’on peut considérer comme formant une case dont les photos constituent le composant négatif, le rôle de ces photos est également de se combiner avec le segment à vendre, mais on peut quasiment considérer que cette combinaison est de nature syntaxique.

63Les photos représentent en effet différentes vues de biens immobiliers – sans qu’on sache d’ailleurs s’il s’agit de différentes vues du même bien – que le segment textuel présente comme à vendre ; autrement dit les photos représentent le sujet implicite de cette proposition infinitive, et l’on peut gloser cette case par la phrase « ces biens sont à vendre ».

3.2.6. Positif

64Le composant positif est principalement constitué de graphèmes – selon la terminologie d’Anis, précisée plus bas – mais la segmentation en cases peut également isoler comme graphies individuelles d’autres types d’unités, que nous appellerons « non-graphèmes » pour éviter le flou, la confusion voire l’erreur qu’introduisent des notions comme unités non linguistiques ou non verbales.

Non-graphèmes

65Si des unités comme ®, ou @ peuvent être considérées comme des logogrammes, en tant que « graphème[s] unique[s] correspondant à une unité significative » (Anis 1988, 245), qui « se manifestent par une forme matérielle indécomposable et sont l’équivalent d’une séquence d’alphagrammes » (Anis 1988, 140), des éléments comme dans J’ Paris ou dans interdit sauf semblent devoir être traités différemment. Leur forme est certes indécomposable et correspond à une unité significative « traductible alphabétiquement » (ibidem), mais cette « traduction » n’est pas univoque. La première phrase peut par exemple se lire j’aime Paris ou j’adore Paris voire j’kiffe Paris tandis que la seconde peut se lire interdit sauf vélos ou interdit sauf cycles. Les graphèmes qu’Anis (1988, 139) nomme « logogrammes stricto sensu », comme les symboles monétaires ou les symboles mathématiques hors de leur emploi dans des formules arithmétiques, sont toutefois eux aussi équivoques. La séquence 3€ peut se lire trois euros ou trois balles voire trois dollars. Le symbole + peut quant à lui servir d’abréviation, comme dans Il est + grand, Il faut + de beurre ou +tôt, qui peut équivaloir aussi bien à plus tôt qu’à plutôt.

66Voici quelques illustrations des éléments graphiques que nous catégorisons comme non-graphèmes.

67Cette case circulaire est constituée de deux cases : la séquence de graphèmes circulaire d’une part, le dessin de carte de France d’autre part. La description de cette dernière intègre ainsi ce dessin au titre de non-graphème avec les caractéristiques suivantes :

type dessin de carte de France
couleur bleu blanc rouge
rôle type : illustration
nature : thématique

68Ce dessin aux couleurs du drapeau national constitue en effet une illustration thématique des indications d’origine qu’il souligne.

69Dans l’exemple (13), pour illustrer l’offre promotionnelle qui promet un bougeoir gratuit pour un bougeoir acheté, l’une des cases du prospectus d’une parfumerie contient deux photos identiques reliées par le signe =. Cette case contient donc, au titre de non-graphèmes, deux photos de bougeoirs aux caractéristiques suivantes :

type photos bougeoir
couleur noir
rôle type : combinaison
nature : syntaxique

70La nature de la combinaison qui articule les deux photos à l’aide de l’opérateur mathématique est décrite comme syntaxique dans la mesure où des relations de dépendance syntagmatique lient ces trois éléments, au même titre qu’une formule mathématique comme 2+2=4 présente une combinaison syntaxique des différents graphèmes en jeu.

71Enfin, dans cette case du prospectus d’une agence immobilière, les différents modes de contact sont signalés par des pictogrammes, intégrant leurs cases respectives au titre de non-graphèmes, avec les caractéristiques suivantes (pour le premier numéro de téléphone) :

type pictogramme téléphone
couleur noir
rôle type : combinaison
nature : thématique
Graphèmes

72Comme nous l’avons indiqué plus haut la valeur d’un paramètre reste « non concerné » tant que des valeurs hétérogènes peuvent lui être assignées. Le type de graphèmes n’est donc indiqué qu’au niveau de cases où il correspond à une valeur unique.

73Nous reprenons le concept de graphème par lequel Anis désigne les unités minimales discontinues et discrètes de la langue écrite, mais nous en restreignons l’extension. Nous retenons la catégorie des alphagrammes, qui correspondent aux lettres de « l’alphabet élargi intégrant les signes diacritiques » (Anis 1988, 90). En revanche, nous restreignons la catégorie des topogrammes, qu’Anis définit comme des « graphème[s] ponctuo-typographique[s], qui contribue[nt] à la production du sens, en tant qu’organisateur[s] de la séquentialité et indicateur[s] syntagmatique[s] et énonciatif[s] » (Anis 1988, 246) aux seuls topogrammes « libres », « qui se manifestent en un point donné de la chaîne graphique » (Anis 1988, 116). Et parmi ceux-ci, nous ne retenons de plus que les signes de ponctuation, tandis qu’Anis y inclut les blancs et le soulignement. Comme nous l’avons expliqué dans la section portant sur la position des cases, les blancs sont saisis dans notre typologie par la mise en espace des graphies. Le soulignement, les topogrammes liés « qui se manifestent par la modification des graphes des alphagrammes » définis par Anis (1988, 116), à savoir la majuscule, l’italique opposé au romain et le gras opposé au maigre, font l’objet de catégories spécifiques justement en tant qu’elles affectent l’apparence visuelle des graphèmes.

74Par ailleurs, nous retenons la catégorie des logogrammes définie plus haut, mais nous en excluons les abréviations et les sigles, ainsi que ce qu’Anis décrit comme des « topogrammes détournés » (Anis 1988, 143), dans la mesure où ils correspondent à des alphagrammes et à des signes de ponctuation, et sont donc saisis par ces deux catégories. De même nous n’identifierons une unité graphique comme un logo que si elle ne peut être réduite à une séquence d’alphagrammes. Ainsi, les unités telles que ® ou © sont traitées dans notre corpus comme des alphagrammes entourés d’une bordure circulaire.

Succession et orientation

75Ces paramètres ne sont pas à confondre avec le sens ou l’ordre de lecture des syntagmes. Ils s’articulent avec l’orientation du support matériel, comme nous l’avons mentionné plus haut, mais concernent les graphies individuelles.

76L’orientation et la succession des graphies peut être différente, comme le montre l’enseigne par laquelle Harris illustre sa discussion de la linéarité de l’écrit (Harris 1993, 281), où les lettres de fourrures sont orientées de gauche à droite mais se succèdent de haut en bas :

77Sur le capot d’une ambulance, dont le reflet doit être lisible dans les rétroviseurs d’un véhicule, les lettres d’ambulance sont orientées et se succèdent de droite à gauche.

78Les pictogrammes et logos sont également concernés par ces paramètres. Le pictogramme « téléphone » de l’exemple (14) peut ainsi être considéré comme orienté de droite à gauche, l’extérieur du combiné étant tourné vers le numéro de téléphone, contrairement à l’exemple (1).

79Les logos de l’exemple (16) sont quant à eux orientés de gauche à droite, et leur succession ne semble pas contrainte :

80Bien que rares, on trouve dans notre corpus quelques dispositions originales, en diagonale comme dans l’exemple (17) ou en arc de cercle comme dans l’exemple (18).

Casse

81Ce paramètre ne concerne que les alphagrammes, mais il est à noter que pour une taille de caractères identique, les chiffres font la même taille que les majuscules ou capitales. Ce paramètre permet d’isoler les majuscules initiales de phrase, les majuscules initiales de mot, ainsi que les segments entièrement en capitales ou en minuscules.

Style et couleur

82Le style comprend deux catégories de valeurs principales – « droit / italique » et « maigre / gras » – auxquelles viennent s’ajouter le cas échéant la valeur « souligné ». L’opposition entre « gras » et « maigre » n’est cependant pas toujours discernable, et ces valeurs n’ont de fait de pertinence que par la présence de la valeur opposée dans le même espace graphique.

83La couleur du composant positif s’articule par ailleurs à celle du composant négatif.

Taille

84La taille ne se limite pas aux graphèmes et s’exprime dans le système métrique en termes de hauteur. Ce paramètre, articulé aux autres, détermine la saillance des segments textuels. On a vu par exemple que sur le flyer du marabout, le nom de celui-ci constitue le segment le plus saillant, qui attire l’œil en premier et est donc lu en premier. La saillance des différents segments textuels conditionne ainsi un parcours de lecture au sein du document, qui n’est pas nécessairement ordonné de haut en bas et de gauche à droite (cf. Cormier 2017).

Catégorie

85Le dernier paramètre de description du composant positif de l’espace graphique est celui de la catégorie. Ce paramètre représente la véritable catégorie exploratoire de notre typologie. Sa valeur peut correspondre à des éléments très hétérogènes selon le niveau de cases et l’extension des segments auxquels il s’applique.

86Pour la page de couverture du catalogue (figure 3 et tableau 2), la catégorie de la surface correspond justement à « page de couverture », puisqu’il s’agit de la première face visible (ou page, en l’occurrence) de ce livret. La case 1 de cette page (figure 4 et tableau 3), qui regroupe le nom de l’enseigne, une dénomination du genre et les coordonnées chronologiques du catalogue, peut être catégorisée comme référence bibliographique. Dans cette case 1, à la case 1 (tableau 4), qui comporte un simple nom commun, est associée la catégorie lexicale « nom » (N), tandis que la case 4 (figure 4), n°18 janvier 2021, peut être étiquetée « coordonnées chronologiques ». Au sein de cette dernière case, on peut isoler la case n°18, qui se segmente elle-même en deux cases, et 18. L’abréviation peut être étiquetée « N », tandis que l’ensemble de deux chiffres peut être étiqueté « nombre ». Et au sein de la case , on peut identifier le logogramme ° comme un « signe abréviatif », tandis qu’au sein de la case 18, on peut catégoriser le chiffre de gauche comme « dizaine » et celui de droite comme « unité ». Enfin, la case occupant le coin haut droit de l’exemple (7), vous vendez votre bien immobilier ?, peut être étiquetée « phrase interrogative », tandis que dans les mentions 24/24 de l’exemple (10), la barre oblique peut être catégorisée comme une « préposition ».

87Autrement dit, ce paramètre permet d’associer des étiquettes catégorielles aux niveaux de regroupement syntagmatique identifiés par les niveaux de cases, qu’il s’agisse de catégories lexicales ou syntaxiques, de catégories relatives à la combinaison et à la succession des unités, ou plus largement de catégories de zones de texte.

4 | Conclusion

88La typologie que nous venons d’exposer vise donc à définir les genres du discours écrits dans leur dimension matérielle. Cette grille d’analyse des paramètres signifiants du support, appliquée systématiquement à un nombre conséquent de textes, permettrait d’identifier des traits distinctifs des genres dont ils relèvent, mais aussi des traits communs à différents genres. Les prospectus de notre corpus présentent par exemple un même mode de diffusion et une même technique d’inscription, articulés à un format (structure, matière, forme, dimensions) portatif. Leur espace graphique s’organise pour la plupart en différentes zones de texte qui privilégient les phrases averbales courtes sans signes de ponctuation. L’unique tract politique du corpus présente à ce titre une différence : il s’organise en paragraphes regroupant des phrases complexes ponctuées par des points et des virgules. C’est de plus le seul texte où l’on remarque l’emploi du point comme opérateur d’écriture inclusive. Le carton circulaire aux couleurs d’une agence immobilière, consistant en fait en un calendrier de l’année 2021, se distingue également par son format et son contenu des autres prospectus de notre corpus, ce qui le rapproche de l’objet promotionnel.

89Cette typologie, notamment à travers le paramètre catégorie, permet également de comparer des zones de texte similaires dans des genres différents, et de préciser ainsi les caractéristiques d’un genre. La page de couverture du catalogue ou celle du dépliant qui constitue le menu du restaurant dont il fait la publicité, peuvent ainsi être comparées aux pages de couverture d’autres genres écrits composés de plusieurs pages.

90Implémentée pour en faire un outil de traitement informatique, cette modélisation des propriétés signifiantes du support écrit permettrait de constituer une base de données17, d’analyser des corpus étendus, et d’éprouver l’hypothèse selon laquelle les genres écrits se définissent, se distinguent et se rapprochent par leurs propriétés matérielles et visuo-graphiques.

91Les paramètres relatifs à l’espace graphique débouchent par ailleurs sur une analyse de la saillance des syntagmes et unités décrits. Cette analyse en termes de saillance montre comment les propriétés visuo-graphiques d’un texte guident le parcours de lecture au sein de celui-ci et en recomposent la linéarité. Différentes organisations de l’espace graphique, synoptique, génèrent différents parcours de lecture. Un roman édité sous forme de livre, par exemple, se lit généralement une page après l’autre en suivant leur numérotation, et à chaque page les blocs textuels se lisent de haut en bas et chaque ligne de gauche à droite. Sur le prospectus suivant, le mode de lecture est différent.

92L’œil est d’abord attiré par le cadre de droite, dans lequel deux segments sont mis en relief par leur encadrement et par leur couleur rouge. Entre ceux-ci un segment en capitales grasses soulignées attire également davantage l’œil que le reste du texte. Et de fait, l’essentiel du message publicitaire tient dans ces trois segments : l’encouragement à la consommation immédiate, la nature du service offert et les coordonnées de contact pour en profiter. Les autres informations du prospectus sont quasiment inutiles pour intégrer ce texte à son programme d’activité.

93L’analyse de la syntagmatique écrite que propose notre typologie permet de plus de définir des niveaux d’analyse de l’écrit selon ses propriétés spécifiques : les regroupements d’unités sont ainsi déterminés par des jeux de position et de similarités visuelles qui distinguent la page, les différentes zones de texte (éventuellement des paragraphes), mais aussi des groupes syntaxiques, des mots et des graphies individuelles. Cette analyse permet par exemple de montrer comment des chiffres sont groupés pour former des nombres jouant le rôle de déterminant (ex. 12 agences à votre service), ou intégrant des syntagmes comme un numéro de téléphone, une adresse postale ou un code promotionnel, dont la syntaxe traditionnelle échoue à rendre compte. Cette analyse permet également de rendre compte des différentes fonctions que peuvent exercer les graphèmes comme les signes de ponctuation, par exemple la barre oblique : équivalent de la préposition sur dans en livraison 7/7 ou par dans 2,99€ / appel, séparateur de date dans jusqu’au 12/01/2021, équivalent de la conjonction de coordination ou dans 1 boisson 1,25l/1,5l.

94La contrepartie de cette analyse est que les regroupements spatio-visuels ne tiennent pas compte des regroupements opérés par la ponctuation, du moins n’avons-nous pas encore établi le mécanisme qui permettrait de les prendre en compte. L’analyse est relativement efficace pour les textes brefs sans ponctuation, où les relations syntaxiques sont organisées par la spatialisation des unités, mais pose problème pour les textes plus classiques. Dans l’exemple suivant, la case maximale constitue un paragraphe, qui consiste d’ailleurs en une phrase.

95Mais au sein de celle-ci nos principes d’analyse opèrent d’abord une segmentation en quatre lignes. Or dans ce cas la ligne correspond à une contrainte purement spatiale et non signifiante : elle sépare le verbe de ses compléments, l’adverbe du groupe nominal qu’il modifie, la préposition du groupe nominal qu’elle introduit. Notre grille d’analyse isole néanmoins la majuscule, balise initiale de la phrase, la virgule qui sépare le complément circonstanciel de temps de la proposition sur laquelle il porte, et le point, balise finale de la phrase ; cette analyse rend de plus compte de la valeur des signes de ponctuation, de leur position et de leur cotexte. Il faudra donc trouver un moyen de rendre compte de ce rôle structurant de la ponctuation, parallèle à la mise en espace du texte.

    Notes

  • 1 Nous remercions les relecteurs pour leurs commentaires avisés qui nous ont poussée à clarifier notre pensée et à en structurer davantage la présentation, ainsi qu’Émilie Née pour sa relecture attentive et ses remarques enrichissantes.
  • 2 Voir aussi les numéros thématiques 2 et 3 de la revue Linguistique de l’écrit, consacrés aux rapports entre oral et écrit (Mahrer 2021 ; Doquet, Lefebvre, Mahrer et Testenoire 2022).
  • 3 Leur analyse est développée au sein du réseau international de recherche « Le genre bref dans l’espace public », soutenu par l’université Sorbonne Nouvelle (Paris), l’université Aoyama Gakuin (Tokyo), l’université de Pau et des Pays de l’Adour (Pau) et l’université Gustave Eiffel (Paris). Les travaux de ses membres ont notamment été publiés dans Dhorne (2018), Lefeuvre et Behr (2019) et Behr et Lefeuvre (2019).
  • 4 Cf. par exemple l’analyse discursive de la signalétique du métro parisien proposée par Denis et Pontille (2011).
  • 5 Pour un panorama des Linguistic Landscapes, cf. Kelleher (2017).
  • 6 Ayant introduit plus haut la distinction entre support matériel et support formel, nous utiliserons désormais le terme générique de support pour renvoyer à la fois aux versants matériel et formel, tandis que nous utiliserons spécifiquement le terme de support matériel pour renvoyer aux propriétés matérielles de l’objet textuel d’une part, et ceux de support formel ou d’espace graphique pour renvoyer aux propriétés visuo-graphiques du texte d’autre part.
  • 7 Halté (2016) définit par exemple les émoticônes comme des pictogrammes intégrés au système d’écriture du français.
  • 8 Dans la perspective textuelle d’Adam (2011a, 2011b, 2013 et 2018).
  • 9 Cf. l’étude générale du rôle sémantique de la typographie de Védénina (1989) et l’étude de Fraenkel (1998) sur les connotations typographiques.
  • 10 Sur les textes tabulaires, cf. Florea (2009), et sur les blancs de l’écrit, cf. Lefebvre et Testenoire (2019a).
  • 11 Cf. par exemple Jacques (2005) sur la sémantique des titres et intertitres.
  • 12 Pour des raisons légales les noms de marques et les autres informations permettant d’identifier des entreprises ou des personnes ont été masquées ou remplacées par une série de lettres x.
  • 13 Transcriptions que nous n’avons pas toutes restituées dans le premier tableau en raison des contraintes spatiales.
  • 14 Comme le souligne Harris, la « numérotation des pages est une technique de syntagmatique textuelle adoptée plus ou moins universellement dans la production du livre imprimé, précisément pour indiquer les rapports entre la structure du document et la structure du texte » (Harris 1993, 269).
  • 15 Ce don gracieux du publicitaire s’associe avec ironie aux labels écologiques inscrits à l’intérieur de l’enveloppe.
  • 16 C’est-à-dire ici la matière, la forme et les dimensions.
  • 17 Les travaux du réseau de recherche « Le genre bref dans l’espace public » consistent notamment dans la création d’une base de données de genres brefs.

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Détails de la publication

Publié dans:

Cormier Agathe, De Angelis Rossana (2023) Rôle des supports dans l'interprétation des inscriptions graphiques. Linguistique de l’écrit Special Issue 4.

Pages: 67-108

Citation complète:

Cormier Agathe, 2023, Essai de typologie des paramètres signifiants du support. Linguistique de l’écrit 4, Rôle des supports dans l'interprétation des inscriptions graphiques, 67-108.