Comment le mal est-il possible dans une philosophie de l'être, où l'on tient que tout être est bon et que tout appétit tend au bien ? Après avoir évoqué la question du mal dans la nature, l'auteur s'attache plus particulièrement au problème du mal moral. Il rappelle que, selon saint Thomas, la volonté humaine présente deux aspects structurés entre eux : elle est à la fois volonté comme nature et volonté comme liberté; cette structure doit s'interpréter de telle sorte que la liberté soit avant tout liberté d'exercice, pouvoir suspensif ou permissif à l'égard du dynamisme volontaire naturel. Seule pareille interprétation permet de comprendre l'acte moralement mauvais, le vice, le péché originel : un acte peut être un péché formel sans que le désordre comme tel soit directement voulu ; le vice est une disposition habituelle qui déforme la volonté comme nature, non comme liberté; le péché originel doit s'entendre comme vice, non comme péché proprement dit.