Boncourt, Combourg, Lubowitz. L'image du château perdu chez Chamisso, Chateaubriand et Eichendorff
pp. 205-216
Résumé
Chez ces trois fils de la noblesse rurale issus des marges de leur pays respectif – la Bretagne chez Chateaubriand, l’Argonne chez Chamisso, la Silé-sie chez Eichendorff – le château perdu est au cœur du paysage natal, que cette perte ait été provoquée par un partage familial, la Révolution ou la faillite économique. Le rapprochement entre l’évocation de Combourg dans les premiers livres des Mémoires d’outre-tombe, le poème de Chamisso, Das Schloß Boncourt, et celui d’Ei-chendorff, Denkst du des Schlosses noch auf stiller Höh ?amène la constatation suivante : construite selon une verticalité qui tend à devenir oppressante, cette image affective renvoie chez Chateaubriand et Chamisso à la figure paternelle – c’est Combourg au « visage de pierre » –, tandis que le paysage d’Eichendorff s’ordonne autour d’une pente fatale placée sous le signe d’une figure féminine au pouvoir ensorceleur. Le paysage natal tel que le recomposent les auteurs abordés ici ne saurait donc se réduire à la nostalgie d’une Heimat idéalisée, comme on l’a trop souvent cru à propos du romantisme – et c’est d’ailleurs ce titre que donneront les éditeurs d’Eichendorff à son poème après en avoir émoussé la fin. Le château originel est précisément le contraire d’une demeure et c’est en partie de cette prise de conscience que tous trois naîtront à la littérature.
Détails de la publication
Publié dans:
(1997) Le paysage en France et en Allemagne autour de 1800. Revue germanique internationale - ancienne série 7.
Pages: 205-216
DOI: 10.4000/rgi.629
Citation complète:
Pille René-Marc, 1997, Boncourt, Combourg, Lubowitz. L'image du château perdu chez Chamisso, Chateaubriand et Eichendorff. Revue germanique internationale - ancienne série 7, Le paysage en France et en Allemagne autour de 1800, 205-216. https://doi.org/10.4000/rgi.629.